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Une épopée généalogique, les BOUYSSOU-ROUQUAYROL :

posté le 26/01/2017 à 21h10



Comme assez souvent le week-end, j’ai décidé de m’accorder une pause généalogie. Cette fois-ci, mon objectif était de faire de la généalogie descendante, partant d’une famille qui m’intéresse assez car je n’ai que peu d’information sur elle, mais aussi parce qu’elle est suffisamment riche pour me faire attendre quelques péripéties intéressantes. Cette famille, c’est les BOUYSSOU de Montredon (Lot). Au départ, je n’avais que le lien avec ma parenté — à travers Catherine BOUYSSOU, épouse de Jean CERLES – et la mention d’un frère : Jean BOUYSSOU (notaire royal), époux d’Antoinette NAJAC. Tous deux sont enfants de jean BOUYSSOU (aussi notaire), et Antoinette SOULIER, mariés de Montredon (Ligonie).

 

signature Jean BOUYSSOU fils

La signature de Jean BOUYSSOU fils, notaire (ca 1664-1739) en 1726

 

La branche de Jean et Antoinette NAJAC a engendré Guillaume BOUYSSOU, qui a eu deux mariages : le premier avec Antoinette DONZAC, fille d’une famille aisée de Ginouillac (paroisse de Flagnac), et le second avec Marianne de CONQUANS, fille d’une autre famille assez intéressante originaire du Cantal ; et Claire BOUYSSOU, épouse d’Antoine GRATACAP (Montmurat, la Molairie).

 

            Après ces constatations, je me mis en quête de leurs enfants. Pour avancer plus efficacement, l’aide de Généanet est toujours la bienvenue. Me voici donc qui tombe sur l’arbre de Bernard de GENTIL BAICHIS (bdegentilbaichi) et son arbre bien garni. Son objectif affiché est de relever tout ce qui touche de près ou de loin à la famille de GENTIL BAICHIS, et la famille qui m’intéresse aujourd’hui en fait partie ! Grâce à lui me voici parti sur le chemin du fils de Guillaume et Marianne de CONQUANS : François BOUYSSOU. Celui-ci est prudemment qualifié de « propriétaire » lors de son mariage en 1802 avec la fille de son cousin germain, Sophie de CONQUANS, mais cet euphémisme révolutionnaire cache en fait sa qualité de Seigneur de Boisse. Quand a-t-il fait l’achat de la seigneurie ? Mystère… Peut-être au moment des ventes de biens publics, puisqu’avant la révolution les BOUYSSOU sont une famille de bourgeois et notaires.

 

château de Boisse

Le château de Boisse

 

Toujours est-il que notre François semble plutôt aisé et bien intégré dans la société bourgeoise du bassin. Ainsi sa première fille, Marie Françoise Sophie, épouse en 1820 le maire de Viviez, Jean Jacques François Joseph PIALES de Viviez. Ce qui deviendra plus tard une ville minière grouillante de vie n’est pour l’heure d’un modeste village, mais cela n’empêche pas l’élite de porter cette longue suite de prénoms qui semblent un peu pompeux auprès des simples Jean et Pierre !

Cette pauvre fille décèdera seulement quatre ans après son mariage, après avoir donné deux fils à son mari.

 

Benoît ROUQUAYROL : une personnalité intéressante

 

Le suivant dans la fratrie est Jean Urbain Félix BOUYSSOU de BOISSE. Lui se déplace jusqu’à Aurillac pour épouser sa promise, Rose CANTELOUBE de Marmiès. C’est à partir de là que cela devient intéressant. Avant le XIXe siècle, les élites de se coin du Rouergue se composent presque exclusivement d’avocats, de notaires et de procureurs. Mais la Révolution Industrielle va bientôt venir secouer cette vieille société endormie. En effet le bassin de ce qui allait devenir Decazeville est gorgé des ressources nécessaires à l’industrie naissante : le fer, et plus important encore, le charbon. La première coulée de fonte a eu lieu le soir de la Noël 1828 à la Forézie (Firmi) et depuis tout le bassin résonne des bruits des pioches et de machines à vapeur, occupés à creuser et à construire. Car tout est à faire. Decazeville n’existe pas encore, il faut loger les milliers d’ouvriers qui affluent de toute l’Europe. Il faut construire les usines, creuser les mines… Cette manne attire entre autres Benoît ROUQUAYROL. Cet ingénieur des mines est originaire d’Espalion, ville ancienne construite plus haut sur le cours du Lot. Il épouse le 16/02/1657 à Montauban Nelly BOUYSSOU de BOISSE, la fille aînée de Jean Urbain Félix. Comme j’aime bien en savoir d’avantage sur les métiers un peu hors du commun, me voici qui tape ma recherche sur Internet : Benoît ROUQUAYROL. J’étais loin de me douter que ce lointain cousin avait eu une contribution aussi intéressante à l’humanité ! De par sa qualité d’ingénieur des mines, il s’était lancé dans le développement d’un appareil respiratoire portatif, destiné au sauvetage dans une atmosphère irrespirable (en particulier les mines de charbon). Ainsi dès 1860, il un brevet pour un "régulateur pour réguler l'écoulement des gaz comprimés". Ce procédé est mis en œuvre dans « l'isoleur Rouquayrol », breveté en 1862. ROUQUAYROL s’unit bientôt avec Auguste DENAYROUZE (1837-1883), un lieutenant de vaisseaux aveyronnais lui-aussi et qui s’intéresse beaucoup aux applications sous-marines de cette invention. Ensemble ils fondent d’abord la « Société Rouquayrol-Denayrouze » (1865), qui  permet la commercialisation du scaphandre auprès des marines et des entreprises du monde entier. Auguste crée également en 1865 la « Société Française de Pêche aux Éponges pour la Méditerranée Orientale », basée à Izmir, en Turquie. Deux ans plus tard l'appareil Rouquayrol-Denayrouze est présenté à l'exposition universelle de Paris de 1867 et obtient la médaille d'or. Jules Verne, qui assiste à l'exposition, découvre cette invention avec enthousiasme et la choisit pour équiper le Capitaine Nemo et l’équipage du Nautilus dans son roman Vingt mille lieues sous les mers, (qui paraît pour la première fois en 1869). Il rend hommage aux inventeurs en citant cet équipement de plongée par son nom : appareil Rouquayrol-Denayrouze.

C’est ainsi que le scaphandre autonome a trouvé son origine bien loin de la mer, au fin d’une mine de charbon aveyronnaise !

 

scaphandre Rouquayrol

Le régulateur inventé par Benoît ROUQUAYROL

 

                Cet illustre inventeur a beaucoup bougé et il est difficile de suivre sa trace dans les registres d’État Civil… Je n’ai pu retrouver que deux de ses fils : Marie Urbain Aymar (né le 10/12/1857 à Firmi), et Joseph Antoine Prosper (né le 22/10/1867 à Decazeville). A partir de là, il m’a fallu ouvrir les archives numérisées de nombreux départements pour pouvoir vérifier les données que je trouvais !

 

Les enfants ROUQUAYROL

 

                Le premier de ces fils, Aymar, est un docteur en droit et avocat installé à Cieurac, Commune de Lanzac (Lot). J’ai pu retrouver sa trace grâce à l’arbre My Héritage d’une de ses descendantes : Élisabeth PINTO

 (https://www.myheritage.fr/site-family-tree-46502581/perier-rouquayrol-pinto?rootIndivudalID=1000160&familyTreeID=1 )

 

Comme souvent après 1900, les descendants de cette branche sont « montés à Paris » ou bien se sont éparpillés un peu partout en France.

                Le second fils, Joseph Antoine Prosper, est conservateur des domaines, ce qui l’oblige à pas mal bouger : d’abord en poste à Cahors, il part en 1921 pour Domfront (Orne 61), puis il se retrouve à Libourne où il rencontre sa seconde femme et termine sa vie.

                J’ai également retrouvé la trace d’une de leurs sœurs appelée « Mme Rouquayrol » et dont personne ne sait rien… Nous en reparlerons plus tard.

 

 La seconde fille BOUYSSOU : Endoxie

 

Quelques jours plus tard, un mail que j’avais envoyé sur Généanet me permettait de relancer les recherches : Nelly BOUYSSOU avait une sœur, qui a eu une histoire aussi intéressante que son aînée !

 

Endoxie, de son nom complet Marie Adelaïde Endoxie, est née le 14/09/1834 au domaine familial de Ligonie (Montredon, Lot). Elle se marie le 27/11/1860 à Montauban avec un autre ingénieur civil : Paul PAUTARD. Originaire de Castres, il est au moment du mariage domicilié à Sari-Solenzara, en Corse du Sud ! Mais que fait-il donc là-bas ? J’appris plus tard qu’il travaillait un peu dans le même domaine que son beau-frère ROUQUAYROL : à la Solenzara s’était installée une usine comportant plusieurs haut-fourneaux destinés à la production de rails de chemin de fer et de fonte. (voir https://restaurantlafonderie.jimdo.com/le-cadre/histoire-industrielle-de-la-fonderie/ )

 

gare de la Solenzara

La gare de Solenzara au début du XXe siècle

 

Mais la piste donnée par le mail reçu s’arrête presque là : j’ai le nom de leurs trois enfants, mais aucune indication de leur lieu de naissance…

 

A Sari-Solenzara, je tombe sur la dernière de la fratrie, Thérèse, née le 06/02/1865. Mais ensuite, où regarder ? Par hasard, je me décide à feuilleter les tables décennales de Firmi, où réside à l’époque la famille ROUQUAYROL : et miracle, j’y trouve une autre naissance ! Il s’agit de Léon PAUTARD, né le 11/10/1861. Il n’en reste  plus qu’un, apparemment appelé Yves, mais impossible de retrouver sa trace pour l’instant : il n’est pas né Sari (2A), ni à Firmi (12), ni à Decazeville (12), ni à Livinhac (12), ni à Montredon (46), ni à Castres (81), et pas non plus à Montauban (82)…

Faute de mieux, je me suis lancé dans la recherche du décès d’Endoxie, que je trouve à Sari, le 16/03/1865, à tout juste 30 ans…

Son époux, qui d’après la presse (l’Express du Midi), était un adepte des concours de tir, meurt dans sa ville natale de Castres le 14/09/1914 à 85 ans.

 

Leur fille Thérèse, la seule dont j’ai pu retracer le parcours, épouse le 14/01/1891 à Castres un lieutenant d’infanterie, Paul MANUEL.

 

Il semblerait que Paul PAUTARD ait aussi participé à l’élaboration du premier scaphandre autonome de l’Histoire, puisqu’il est mentionné aux côtés de son futur beau-frère Benoît ROUQUAYROL lors du début de Brevet du scaphandre, le 02/11/1860 (The London Gazette Issue 22441 Page 4040).

 

Un détail intéressant sur le couple BOUYSSOU de BOISSE x CANTELOUBE de MARMIES

 

Dans son mail du 06/01/2017 Bertrand MONRAISSE (monmon), me débloquait en donnant des pistes concernant Endoxie, mais il apportait aussi un point important expliquant pourquoi les mariages de Nelly et Endoxie se sont passés à Montauban, et pas dans le bassin decazevillois : chose rarissime à l’époque, leurs parents ont divorcé. Il cite le livre du Général de Marmiès, qui indique que "par jugement du 10 juillet 1843 elle [Rose CANTELOUBE de Marmiès] obtint la séparation de corps et de bien. Elle recevait le remboursement de sa dot estimée à 10 500F. Il était ordonné que les deux filles soient placées en pension à Figeac dans la Maison d'éducation de Sainte-Marthe tenue par les Dames de Nevers, aux frais de son mari. Le Sieur de BOISSE [Jean Urbain Félix] était condamné à tous les dépens du procès."

 

            Par la suite, la mère migre à Montauban, tandis que le père reste dans la propriété familiale de Ligonie (pourtant on ne le retrouve pas dans les recensements successifs de Montredon…), ce qui explique les lieux des mariages de leurs filles.

 

La troisième fille BOUISSOU de BOISSE : Pauline

 

                Pauline BOUISSOU de BOISSE est la sœur cadette de Jean Félix Urbain. Née en 1806 au château de Boisse, elle épouse en 1828 à Montredon un avocat de Villeneuve (12), Jean Baptiste Germain Ambroise DEJEAN. En descendront entre autre un trésorier général du Loiret

(http://gw.geneanet.org/phoeb12?lang=fr&p=paul+louis+germain&n=dejean )

 

Un autre moyen de faire des recherches : la prospection sur le terrain

 

            Après tout ce temps dans les registres numérisés et sur Généanet, j’ai eu envie de voir « en vrai » à quoi ressemblait le fameux domaine de Ligonie, d’où étaient originaires ma branche filiale et celles explicitées au dessus.

 

            Le propriétaire actuel, presque nonagénaire, est le petit fils de ceux qui ont rachetés la maison aux ROUQUAYROL en 1900. Détail précieux à mes yeux : il connait encore de nombreuses anecdotes sur les précédents occupants de la demeure.

 

Voici ce qu’il m’a raconté :

 

Cette rencontre intéressante m’a donc permis de visualiser les lieux de vie de cette famille, mais aussi d’engranger quelques anecdotes plus ou moins vérifiables qui donnent vie à ces noms. Je regrette simplement d’avoir maintenant la quasi-certitude que les archives des notaires BOUYSSOU (avant 1739) n’ont pas été conservées puisqu’elles ne sont ni aux archives départementales, ni dans leur maison natale…


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Commentaires :

isabelle Périer : Bonsoir Monsieur, Je suis tombée par hasard sur votre article et j’en suis ravie. Je descends du fils aîné de Benoît Rouquayrol, Aymar . Il a épousé Elise Delair qui habitait la maison de Cieurac ( village à côté de Lanzac). Il a eu plusieurs enfants dont une des filles Alice est ma grand-mère. J’allais à Cieurac enfant. J’ais fait beaucoup de recherches généalogiques et j’ai retrouvée dans les mémoires de ma grand-mère des faits intéressants. La maison de Ligonie est évoquée . Par contre c’est Nelly Rouquayrol ( née de Boisse) qui a vendue Ligonie. La maison était en mauvais état et elle habitait chez son fils Aymar à Cieurac. Son second fils Joseph s’opposait à la vente car il aimait beaucoup la maison. La branche de Joseph a rajouté le De Boisse au Rouquayrol pour faire plus aristocrate mais juridiquement ils ne portent pas la particule ( le conseil d’état a refusé le rajout). Je suis étonnée du divorce du père de Nelly. Quels en sont les motifs ? Scandale à l’époque je pense Je serais ravie d’échanger des informations. A bientôt j’espère Isabelle Périer

repondre écrit le 27/01/2020 à 20h28